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d’autre remède pour vous guérir, que de vous procurer de la joie, & c’est ce qui m’a porté à vous envoyer cet homme. Le roi ayant entendu toutes ces paroles, ne put retenir ses larmes ; il embrassa la jeune reine, & lui demanda mille fois pardon ; il lui avoua qu’il lui étoit redevable de la vie ; il l’assura même qu’il n’en perdroit jamais le souvenir ; & pour lui marquer sa reconnoissance, il voulut que son nom fût mis non seulement avec le sien sur toutes les monnoies qu’on battoit dans ses états, mais encore qu’elle eût part à toutes les affaires qu’on résoudroit dans son conseil ; il ordonna ensuite des réjouissances publiques pour avoir retrouvé sa femme & rétabli sa santé : quant au paysan, il le récompensa magnifiquement ; il lui fit plusieurs présens, & lui donna en pur don le village où il habitoit, qui étoit un des plus considérables du pays.

L’empereur Behram fut très-content de cette histoire ; mais lorsqu’il entendit l’aventure du singe & du milan, il ne put s’empêcher d’en rire. Le nouvelliste, pour augmenter le plaisir de ce prince, continua de cette manière : Il y a, dit-il, des singes de tout poil & de toute grandeur ; les uns petits comme des chiens de manchon, & d’autre grands comme des lévriers, les uns plus doux, les autres plus sauvages,