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du singe, la catastrophe du milan, & l’embarras du cuisinier, rioit de bon cœur ; en sorte que la mélancolie faisant place à la joie, il recouvra tout d’un coup sa santé, & ne pouvant souffrir que son cuisinier se chagrinât davantage pour le désordre arrivé à sa marmite, il lui raconta lui-même l’adresse du singe, & la disgrace du milan ; après quoi il se fit préparer un autre mets, & mena ainsi une vie douce & agréable pendant le peu de temps qu’il resta dans cette nouvelle maison, parmi le ramage des oiseaux, les tours de souplesse du singe, & les contes plaisans que le paysan lui faisoit ; car, avec son patois, il ne laissoit pas d’avoir de l’esprit, & même plus qu’il n’en falloit pour un homme comme lui.

Le roi, sentant que ses forces étoient entièrement rétablies, résolut de s’en retourner dans son palais ; mais avant que de partir, il fit venir le paysan, & lui demanda qui lui avoit appris le régime qu’il lui avoit donné pour sa guérison ; il lui répondit qu’il y avoit long-temps qu’il le savoit. Ce prince, non content de cette réponse, le pressa de lui découvrir le nom de celui qui l’avoit rendu si savant : alors le paysan lui avoua la vérité, & lui dit qu’il avoit appris cela d’une jeune fille qui demeuroit chez lui depuis peu, & qui, sachant la maladie du