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prince en fût plus éloigné, voyant qu’elle se mettoit en état de les tuer avec son arbalète, prit son arc, & les ayant tirées, il en tua une ; l’autre épouvantée de ce coup s’éleva ; mais aussi-tôt la demoiselle l’ayant couchée en joue, la tua en volant. Ce coup surprit le prince ; & pour lui faire voir qu’elle en avoit fait un plus beau que le sien, il lui envoya sa proie, qui étoit un mâle. La demoiselle, qui ne vouloit point qu’on la surpassât en générosité, lui envoya aussi la sienne, qui étoit une femelle, & chargea le porteur de dire au prince, qu’elle lui étoit bien obligée de son présent. Ces honnêtetés de part & d’autre pronostiquoient quelque chose de favorable. En effet, ce prince, pénétré du mérite & de l’adresse de la demoiselle, quoiqu’il ne l’eût pas vue au visage, en devint épris. Cependant, voulant connoître si elle étoit aussi belle qu’elle lui paroissoit bien faite, il descendit de cheval, & alla se cacher derrière un gros buisson qui étoit près de la compagnie des dames avec qui elle étoit. Il y avoit dans cet endroit une fontaine d’eau claire ; & comme la demoiselle avoit soif, & qu’elle s’en fit apporter dans un gobelet pour boire, elle fut obligée de découvrir son visage. Le prince en fut charmé, & trouva qu’elle étoit plus belle que le portrait que la gouver-