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faite. Dans ce temps, il s’éleva un grand bruit à quelques pas de là. Le perroquet en voulut savoir la cause. L’oiseleur s’en étant informé, lui dit que c’étoit une courtisane, qui ayant songé la nuit précédente, qu’elle l’avoit passée avec un jeune cavalier de la ville, lui demandoit cent écus, disant qu’elle n’a jamais eu de commerce avec personne pour un si bas prix ; mais le cavalier, qui n’est pas dupe, se moque de la courtisane & de sa demande. Cependant, malgré tout cela, elle le retient par ses habits, & veut absolument être payée : voilà le sujet de ce vacarme. Le perroquet ayant entendu ce rapport, dit à son maître, que si on vouloit les lui faire venir, il les mettroit bientôt d’accord. L’oiseleur, connoissant l’esprit de son perroquet, laissa pour un moment la cage entre les mains d’un de ses amis, & courut vers les personnes qui disputoient. Il les aborda avec des paroles fort honnêtes, & ayant pris le cavalier & la courtisane par la main, il les mena devant son perroquet. Alors cet homme leur dit, que s’ils vouloient s’en rapporter à cet animal, il rendroit un jugement dont ils n’auroient pas lieu de se plaindre. Cette proposition fit rire la compagnie, qui ne pouvoit croire que ce perroquet pût faire ce que son maître avoit avancé. Cependant le cavalier, curieux de voir ce mi-