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pas d’abord cette réponse, le pria de lui en donner une moins énigmatique. Le prince en même temps lui dit : Les parts sont égales, madame, votre ministre en ayant naturellement deux autour de sa personne, & moi deux de la même manière, & non pas vous ; de cinq que vous m’avez donnés, j’ai eu l’honneur d’en présenter trois à votre majesté ; j’en ai donné un à votre ministre, & j’ai gardé l’autre pour moi. Ainsi, par ce moyen, toutes les parts sont égales ; il n’y a rien de plus juste. Cette réponse, qui fut faite d’un air enjoué, fit rire le ministre ; & quelque pudeur que la reine affectât de faire paroître, néanmoins, dans le fond de l’âme, elle en fut bon gré à ce jeune prince, qui, peu après, se retira fort content d’une scène si agréable.

La reine se voyant seule avec son ministre, lui dit, que puisque ces jeunes princes étoient fils d’un grand roi, & qu’ils avoient si bien expliqué les difficultés qu’elle leur avoit faites, elle étoit résolue, suivant le conseil du feu roi son père, d’en prendre un pour mari, & qu’elle souhaitoit passionnément que ce fût celui qui avoit éclairci la question du sel avec tant de sagesse & d’agrément. La reine, voyant que son ministre approuvoit ce choix, lui commanda d’aller le lendemain trouver les trois jeunes princes,