Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/287

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le bout de son doigt de sa salive, le posa sur le sel ; & après en avoir pris quelques grains qu’il mangea, il dit aux spectateurs de fermer la porte du magasin, puisqu’il avoit exécuté tout ce qu’il avoit promis. Cette conduite surprit les assistans, qui ne pouvoient croire qu’il eût satisfait à sa parole. Alors il les pria de rendre compte à la reine de ce qu’ils avoient vu, ajoutant qu’il lui expliqueroit la raison pour laquelle il en avoit usé de la sorte. Cette princesse ayant été informée de ce qui s’étoit passé, désira de parler à ce jeune prince ; & comme elle voulut savoir comment il pouvoit avoir accompli la promesse qu’il avoit faite, en ne mangeant que trois ou quatre grains de sel, il lui répondit, que quiconque auroit mangé avec son ami trois grains de sel, & ne connoîtroit pas ce qu’il doit à son ami, ne seroit jamais en état de le savoir, quand même il mangeroit avec lui tout le sel des magasins du monde ; mais qu’à son égard il avoit assez mangé de celui de sa majesté, pour avoir toujours pour elle tous les sentimens d’estime, d’amour, & de respect. La reine trouva cette réponse d’autant plus agréable, que c’étoit celle que le feu roi son père lui avoit faite, lorsqu’il lui avoit proposé cette question. L’applaudissement de cette princesse