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spectacle, ne pouvoit croire ce que ses yeux avoient vu. La reine ayant été informée de ce succès, en fut dans une joie & un étonnement qu’on ne peut exprimer. Son peuple & elle s’imaginant que cela ne se pouvoit faire naturellement, crurent que ces princes étoient quelques divinités. Ils voulurent leur faire des sacrifices, & élever des statues à leur gloire, afin d’immortaliser leur reconnoissance ; mais la modestie & la sagesse de ces jeunes princes s’y opposèrent. La reine fut curieuse de savoir le secret dont ils s’étoient servis pour faire un si grand miracle : alors l’aîné de ces princes, pour ne pas être entendu de tous ceux qui étoient dans la chambre, tira la reine à part, & lui expliqua la chose de cette manière.

Vous saurez, madame, lui dit-il, qu’à peine ai-je vu ce matin la main ouverte sur la mer, que j’ai jugé que cela ne signifioit autre chose, sinon que, dans un royaume, cinq hommes bien unis & de même sentiment étoient capables de prendre tout le monde ; & comme cette main vouloit être ainsi entendue, & qu’il ne s’est trouvé personne qui ait pu deviner ce qu’elle vouloit dire, elle a causé tous les désordres qui sont arrivés dans vos états ; c’est ce qui a fait qu’avec l’aide des dieux je m’en suis aperçu, & qu’étant vis-à-vis d’elle, j’ai