Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/275

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bontés. Vous ne pouvez être accusé d’inconstance & de rigueur à son égard, puisqu’elle a manqué non seulement de respect, de reconnoissance, & d’amitié pour vous, mais même qu’elle a flétri votre gloire en présence de tant de gens de qualité. Vous ne pouvez en avoir trop de ressentiment. Je sais bien que c’est une vertu de pardonner, mais je sais bien aussi que ce n’est pas un crime de punir, quand la punition est légitime. Il n’y a personne qui ne condamne cette malheureuse esclave ; les plus pacifiques en sont indignés, & son procédé déplaît à tous le monde. Si, après cela, vous la rappelez, pour qui passerez-vous ? Pour un homme foible, semblable à une girouette qui tourne à tous vents. Il faut avoir plus de pouvoir sur vous, & ne jamais révoquer des ordres aussi justes que les vôtres, par ce moyen, vous vous rendrez redoutable, & la crainte de vous déplaire retiendra chacun dans le devoir.

L’amour, peu content de cette cruelle politique, revint à la charge avec plus d’ardeur que jamais. Il attaqua le cœur de ce prince par toute sorte d’endroits, & y mit des sentimens si tendres, que n’y pouvant plus résister, l’amour triompha de la colère. L’empereur aussi-tôt commanda à ceux qui avoient mené Diliram dans le bois, de l’aller chercher pour lui rendre