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Cependant, par la perte de ce miroir, cet empire ayant perdu son ancien bonheur, & mon père souhaitant ardemment de le ravoir, envoya un ambassadeur à cette reine, avec une lettre fort obligeante, pour la prier de le lui rendre, & même lui offrit une somme considérable, si elle le désiroit ; & afin de l’engager encore mieux à faire la chose, il lui représentoit par sa lettre, que ce miroir ne pouvoit pas être pour elle d’une fort grande utilité ; mais que pour lui, il n’en étoit pas de même, vu qu’il pouvoit remettre cet empire dans son premier état, & lui rendre son ancienne tranquilité. Cependant la lettre, & les paroles de l’ambassadeur ne firent pas de grands progrès sur l’esprit de cette reine ; en sorte qu’il fut obligé de retourner à la cour de mon père, & lui dit, qu’à cause que le royaume de cette princesse avoit eu l’avantage, par la vertu de ce miroir, de changer la perte de l’homme en celle d’un cheval ou d’un bœuf, qu’une main en l’air emportoit tous les jours dans la mer, cette reine ne vouloit pas rendre le miroir, à moins que mon père n’eût trouvé quelque remède à la ruine que cette main lui causoit ; & que si, par son moyen, ce royaume étoit délivré d’une si grande misère, elle lui rendroit de bon cœur le miroir, ses ancêtres ayant toujours été en bonne