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avancé, s’adressa à celui qui venoit de parler, & lui dit : Je ne suis que trop persuadé de la mauvaise intention que mon visir a de se venger de la mort de son fils que j’ai condamné, à cause des crimes qu’il avoit commis. Mais comment pourrois-je trouver le moyen de prouver le dessein funeste qu’il a contre moi ; car, quelque menace que je lui fasse, il ne me le découvrira jamais : c’est pourquoi, comme vous avez infiniment d’esprit, je vous prie de me donner quelque expédient pour l’en convaincre. Le moyen le plus sûr que je puis vous proposer, seigneur, lui dit-il, est de gagner une fort belle esclave qu’il aime, & à laquelle il fait part de tous ses secrets. Pour la gagner, il faut que vous tâchiez de lui faire connoître que vous êtes si fort épris de ses charmes, qu’il n’y a rien au monde que vous ne fassiez pour elle. Comme les femmes souhaitent toujours d’être plus qu’elles ne sont, je suis sûr que cette esclave vous donnera son cœur d’abord qu’elle croira que vous lui aurez donné le vôtre. Par ce moyen, vous pourrez avoir des preuves convaincantes de la mauvaise intention de votre visir, & le punir suivant la rigueur des lois.

L’empereur Behram approuva ce conseil, & ayant trouvé une femme fort propre à l’exécution de son dessein, il lui promit une somme