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la vérité. L’empereur la lui promit, & le berger lui parla de la sorte.

Seigneur, comme l’agneau dont il s’agit étoit encore tout petit, & que la mère paissoit à la campagne aux environs d’un bois, un grand loup affamé la prit, & la dévora, malgré tous mes cris ; car ma chienne n’étoit pas pour lors près de moi, ayant fait ce-jour là ses petits. J’étois assez embarrassé comment je ferois pour nourrir cet agneau, lorsqu’il me vint à l’esprit de l’attacher aux mamelles de ma chienne ; elle l’a élevé si délicatement, que l’ayant jugé digne de vous être présenté, je l’ai fait tuer, & l’ai envoyé ce matin à votre maître d’hôtel. L’empereur, qui avoit écouté ce récit avec attention, crut que ces jeunes princes étoient des prophètes, pour deviner si bien les choses ; de sorte qu’après avoir congédié le berger, il les vint trouver, & leur tint ce discours.

Tout ce que vous m’avez dit, Messieurs, se trouve véritable, & je suis persuadé qu’ayant autant de mérite & de si belles qualités que vous avez, il n’y a personne au monde qui vous ressemble. Mais dites-moi, je vous prie, quels indices avez-vous eu aujourd’hui à table, pour toutes les choses que vous m’avez racontées ? L’aîné des princes, prenant la