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que c’est pour cela que vous ne vous êtes pas trompés dans les six marques que vous en avez données au chamelier : ainsi, il faut ou le rendre ou mourir. En achevant ces mots, il ordonna qu’on les remît en prison, & qu’on achevât leur procès.

Les choses étoient en cet état, lorsqu’un voisin du chamelier, revenant de la campagne, trouva dans son chemin le chameau perdu ; il le prit, & l’ayant reconnu, il le rendit, d’abord qu’il fut de retour, à son maître. Le chamelier, ravi d’avoir retrouvé son chameau, & chagrin en même temps d’avoir accusé des innocens, alla vers l’empereur pour le lui dire, & pour le supplier de les faire mettre en liberté. L’empereur l’ordonna aussi-tôt ; il les fit venir, & leur témoigna la joie qu’il avoit de leur innocence, & combien il étoit faché de les avoir traités si rigoureusement ; ensuite il désira savoir comment ils avoient pu donner des indices si justes d’un animal qu’ils n’avoient pas vu. Ces princes voulant le satisfaire, l’aîné prit la parole, & lui dit : J’ai cru, seigneur, que le chameau étoit borgne, en ce que, comme nous allions dans le chemin par où il étoit passé, j’ai remarqué d’un côté que l’herbe étoit toute rongée, & beaucoup plus mauvaise que celle de l’autre, où il n’avoit pas touché ; ce qui m’a fait