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témerité, & ma peine naîtroit de l’injustice & du mauvais naturel que j’aurois de vouloir être preféré à mes frères : aux dieux ne plaise, seigneur, que cela n’arrive jamais.

Cette prudente réponse étonna le roi, & ayant trouvé dans ce jeune prince autant d’esprit & de sagesse qu’il en avoit remarqué dans ses frères, il fut convaincu des progrès qu’ils avoient faits dans les sciences. Cependant il ne voulut pas s’en tenir là, il résolut de les rendre encore plus accomplis ; & pour cet effet, de les envoyer voyager par-tout le monde, afin d’apprendre les mœurs & les coutumes de chaque nation. Dans ce dessein ; il les fit venir le jour suivant, & feignant d’être en colère contre eux de ce qu’ils avoient refusé l’administration de ses états, il leur adressa ces paroles.

Après les soins que j’ai eus de vous, & de vous donner les plus habiles gens du monde pour vous instruire parfaitement, j’avois lieu d’espérer de votre part une entière obéissance ; mais comme il me paroît que vous n’êtes pas encore assez instruits de vos devoirs, il faut que vous alliez achever de les apprendre dans les pays étrangers. Je vous prie donc de sortir dans quatre jours de ma cour, & dans quinze de mon empire, avec défense d’y revenir sans ma permission.