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le premier. Approchez-vous, dit-il en riant venez mon cher Savantivane, que je vous embrasse. Quoi ! vous ferez-vous toujours de mauvaises affaires dans tous les lieux que vous habiterez ? Vous savez que, dans votre patrie, vous avez pensé servir d’ornement à la queue du grand âne, pour trop aimer les sciences : ici vous allumez de la bougie, contre toutes les lois, pour épier votre femme. Si vous eussiez imité les autres Soliniens, vous ne vous seriez aperçu de rien, & vous seriez tranquille comme eux. Mais veux bien vous pardonner, à condition que vous pardonnerez à cette aimable femme que vous la remercierez en ma présence, de la grâce que je vous accorde ; que vous ne parlerez point de cette aventure à vos voisins, & que vous m’instruirez par quelle conjoncture vous êtes devenu un de mes sujets.

Seigneur, répondit Savantivane, dès que vous me rendez témoignage que mon épouse n’a fait que venir au bal dans ce palais, je lui pardonne volontiers & je la remercie d’avoir été cause que j’ai reconnu pour mon roi, plutôt que je n’aurois fait, un prince tel que vous. Je vous proteste que, si les Soliniens savent jamais ce que leurs femmes & la mienne ont fait cette nuit, ce ne sera point de moi qu’ils