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nante de Fêlée étoit auprès de son fidèle Agis, Ainsi chacun goûtoit le plus parfait plaisir. Il n’y avoit que les officiers du roi accoutumés à souper à cinq heures, qui s’ennuyoient un peu. Le grand rôtisseur de l’empire accourut tout en nage dire au roi que les viandes se séchoient trop, & le grand-maître du palais fit observer à la compagnie qu’il falloit absolument souper pendant qu’il restoit encore du jour, parce qu’ils seroient obligés de manger à tâtons, la loi défendant de se servir d’autre lumière que de celle du soleil. Ce discours détermina la compagnie à rentrer.

Mais quand on fut près du perron le roi & Agis aperçurent la charmante Cabrioline, Le roi courut à elle, tandis qu’Agis expliquoit la reine & à la princesse qui elle étoit. La fée s’avança d’un air théâtral dont les princesses furent enchantées. Elle étoit ce jour-là habillée plus galamment que jamais & sa beauté avoit encore un nouvel éclat. Il n’y eut que la gouvernante qui la vit avec chagrin. Agis lui avoit quelquefois parlé avec feu de la jeune fée. L’amour est pénétrant & toujours suivi de soupçons ; elle expliqua tendrement sa crainte à son amant. Agis assura cette amante que la fée auroit tous les attraits du monde qu’elle ne le toucherait point, à cause d’un malheureux