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trépas qui en fait toute l’horreur & elles ne savent pas encore qu’elles doivent mourir. On leur fait croire que l’on les conduit sur une montagne peu éloignée d’ici pour une cérémonie après laquelle on doit leur donner la liberté, & on leur donne la mort sans qu’elles s’y attendent. Il n’importe, dit le prince, je veux leur parler c’est bien la moindre chose, puisque je suis roi, que je voye les filles que l’on tue dans mon royaume.

Aussi-tôt le prince s’approcha du chariot. Les sénateurs instruisirent les prêtres que l’étranger étoit véritablement leur roi. Ils se jetèrent tous à ses genoux, & se préparoient à lui faire une belle harangue mais le prince, poussé par un secret pressentiment, ne les écouta pas & leva avec précipitation le voile qui couvroit les victimes.

Quels furent les mouvemens de son cœur quand il reconnut sa chère Fêlée ! Ah, dieux ! s’écria t-il, ma chère princesse dans quels périls je vous retrouve ! Que je suis heureux de vous conserver une vie qui m’est plus chère que la mienne ! Un jour plus tard, je vous perdois pour jamais, & vous étiez immolée au soleil.

À la vue du prince, Fêlée s’étoit évanouie à