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dans les jardins elle me parut agitée de divers mouvemens ; quelquefois elle paroissoit ensevelie dans une rêverie profonde, & bientôt après la joie triomphent de sa tristesse. Je m’informai de la cause de l’état où je la voyois. Elle me dit enfin : Il faut, mon cher Bengib, que je vous instruise d’une chose qui nous intéresse plus que tout ce qui peut jamais nous arriver. Apprenez que le maître des esclaves est votre rival ; il m’a déclaré sa passion, & m’a sollicitée déjà plusieurs fois de répondre à sa tendresse. Il m’a dit qu’il n’ignoroit pas que je vous aimois, & m’a assuré que votre mort étoit certaine, si je persistois à le rebuter. J’ai formé le dessein de flatter son amour ; il y va de vos jours de ne pas aigrir sa colèrè, mais j’ai conçu en même temps l’espérance de profiter de sa passion pour nous procurer la liberté. Je lui ai avoué que vous m’aimiez & je lui ai même fait sentir que vous ne m’étiez pas indifférent. Je lui ai fait envisager que, tant que vous seriez près de moi, mon cœur ne pourroit se détacher de vous ; mais je l’ai assuré en même temps que votre mort lui attireroit toute ma haine & qu’il ne la vaincroit jamais, Le moyen que je lui ai proposé est de vous procurer la liberté par-là, lui ai-je dit, vous vous affurez mon cœur ; je serai extrêmement sensible au bonheur que vous aurez