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connoître. Vous n’y pensez pas, dit Acariasta ; voulez-vous vous livrer entre les mains de ces barbares, avec qui nous sommes en guerre depuis l’origine de cet empire ? Si j’y allois moi-même, répondit Solocule, j’y courrois risque de la vie. Les Soliniens, je le sais, sont nos mortels ennemis ; mais je ne cours aucun danger d’y envoyer mes yeux ; si l’on tue celui qui les porte, j’en serai quitte pour en prendre d’autres : je ne risque rien de commencer parce pays-là.

La mère de Solocule se rendit à cette réponse & fit monter Prenany dès le lendemain sur un vaisseau qu’elle avoit au bord du lac. Solocule le suivoit, & Prenany lui expliquoit encore tout ce qui se présentoit. Enfin le vaisseau partit, tandis que Prenany crioit encore au prince : On tire la rame, on hausse la grande voile ; nous sommes à cent pas du bord. Jusqu’à ce que Solocule ne l’entendant plus, les deux correcteurs firent prendre la plume à Prenany pour écrire tout ce qu’il voyoit.

Quelques jours après que Prenany fut parti, la mère de Solocule voyant son fils fort content de son voyage, & qui croyoit voir sur le lac & dans les lieux où Prenany étoit, les plus belles choses du monde, le quitta pour aller à la cour.