Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/157

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour les régaler. Elles ne pouvoient se lasser d’admirer les grâces & l’esprit de Félée. Le jeune cœur de cette princesse, accoutumé aux flatteries des Amazones, s’épanouissoit à ces louanges nouvelles. Mais pendant ce temps-là, les Soliniens, qui se couloient dans le camp, sans, qu’on s’en aperçût, crièrent : Aux armes ! Les dames de Solinie arrêtèrent la princesse alarmée ; les Amazones regagnèrent leur vaisseau, & partirent avec précipitation, en abandonnant la princesse, qui fut conduite, avec sa gouvernante, dans la citadelle de Solinie.

Ces fameuses guerrières, qui avoient suivi la princesse, revinrent heureusement à Amazonie, & chacun courut sur le rivage pour les recevoir. La reine, qui y vint elle-même, tira un heureux augure du murmure qu’elle entendit dans le vaisseau (comme si les femmes ne faisoient pas autant de bruit dans la tristesse que dans la joie). Les plus considérables guerrières descendirent sur le rivage ; elles offrirent à la reine les présens que l’on avoit faits à la princesse, comme un tribut que l’on rendoit à sa puissance. Les pierreries les plus brillantes éclatoient sur des vases d’or, & ne surpassoient point en beauté les précieuses étoffes dont on admiroit encore plus le travail que la richesse. Que j’embrasse donc, dit la reine, cette char-