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n’est-il pas à soi-même son meilleur ami ? Et quand on plaît à ses amis, ne doit-on pas être content ? Voilà ma pensée dans tous son jour, dit le roi. Puisque cela est ainsi, dit le page, buvons donc, pour faire plaisir à nos bons amis.

Pendant cette conversation, le dindon ne laissa pas de disparoître. Allons, dit le roi, que l’on change de service. On exécuta aisément son ordre, & le dessert qui suivit le premier plat, étoit aussi bien entendu que le reste ; il consistoit en un grand fromage & un panier de noix. Le jeune page tira de sa poche les masse-pains qu’il avoit pris en quittant les satyres, & en fit présent au monarque ; ils étoient un peu broyés ; mais on connut au visage du roi, que ce présent lui faisoit plaisir : il les mangea presque tous, en disant, par un reste de fierté, que cela n’étoit pas fort excellent, & qu’il s’en seroit très bien passé.

Mais malgré les amusemens que la fée faisoit naître à chaque moment par les discours & ses chansons, le petit monarque laissoit tomber sa tête sur son estomac, à force d’avoir envie de dormir. Cabrioline, qui avoit dessein de passer la nuit à table, lui en fit la guerre. Quoi ! lui dit-elle, un guerrier, & un guerrier amant, doit-il connoître le sommeil ? Songez