Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/117

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à l’égard de la santé, c’est un préjugé ; avec du vin de mon pays, & un repas tel que celui-ci, je dors aussi bien que si j’avois soupé comme une amazone.

Le bonheur, dit Agis, n’est pas quand on dort. Un empereur endormi n’est pas différent d’un misérable qui dort aussi ; mais c’est quand on est éveillé, & que l’on boit, que l’on sent la différence.

Parbleu, dit le roi, qui pensa se fâcher, mon vin est excellent, même quand on est éveillé : demandez à ce galant qui est assis au bout de la table. (Il parloit du flûteur, qu’il voyoit boire à coups redoublés.) N’est-il pas vrai qu’il est bon ? Ah ! dit Agis, au lieu du musicien qui ne répondoit point, il auroit trouvé hier au soir bien meilleur encore ; aujourd’hui il est malade ; il n’a pas fait son exercice ordinaire.

Tout ce que je puis vous dire, reprit Dondin, c’est que nous nous trouvons aimables ; nous nous estimons nous mêmes, & cela nous suffit.

Il ne s’agit pas de s’estimer soi même, dit Agis qui vouloit disputer, cela n’est pas difficile ; il faut savoir si les autres s’en moquent. Je trouve, dit la fée, que le roi a raison ; que sert-il de charmer les autres, & de plaire à des gens que nous ne connoissons point ? Chacun