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de Robinson Crusoé.

revanche, & ils le dissimulèrent si peu, qu’ils ne voyoient jamais les autres sans les en menacer.

Il les persécutèrent nuit & jour, & à différentes reprises ils foulèrent aux pieds leur bled, tuèrent à coup de fusil trois boucs & une chèvre que ces pauvres gens élevoient pour leur subsistance ; en un mot, ils les traitèrent avec tant de cruauté & de barbarie, que ceux-ci, poussés à bout, prirent la résolution désespérée de les combattre à la première occasion. Dans ce dessein, ils prirent le parti d’aller au château où les trois coquins demeuroient avec les espagnols, & de leur livre le combat en honnêtes gens, en présence des étrangers.

Pour exécuter cette entreprise, ils se levèrent le matin avant le jour, & s’étant approchés du château, ils se mirent à appeller les trois scélérats par leurs noms, & dirent à un espagnol, qui leur répondit, qu’ils avoient à leur parler en particulier.

Il étoit arrivé justement, le jour d’auparavant, que les deux espagnols avoient rencontré dans le bois un de ces anglois honnêtes gans, & qu’ils avoient entendu de terribles plaintes sur les affronts & les dommages qu’ils avoient reçus de leurs barbares compatriotes, qui avoient miné leur plantation, détruit leur moisson, & tué leur