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de Robinson Crusoé.

comme j’ai rapporté au long dans ma première partie, laissant mon domaine en proie à trois scélérats, les plus effrontés, les plus déterminés, & les plus difficiles à aménager qu’on auroit pu trouver dans tout le monde. Mes espagnols ne s’en apperçurent que trop à leurs dépens.

La seule chose équitable que firent ces coquins, ce fut de donner d’abord ma lettre aux espagnols, & de leur mettre mes provisions entre les mains, comme je leur avois ordonné. Ils leur remirent encore un grand écrit très-circonstancié, contenant mes directions sur la manière dont j’avois songé à ma subsistance & à mes commodités, pendant mon séjour dans l’île. Il contenoit la manière dont j’avois fait mon pain, élevé mes chêvres apprivoisées, semé mon bled, seché mes raisins, fait mes pots ; en un mot, toute ma conduite dans cette déplorable situation.

Non seulement ils livrèrent cet écrit aux espagnols, dont deux savoient assez d’anglois pour en profiter, mais ils leur donnèrent toutes sortes de secours ; & dans le commencement il regna entre mes deux peuples une assez grande union. Ils partagèrent d’abord avec eux mon château, & vivoient en frères avec les espagnols, dont le chef avoit déjà une idée de ma manière de vivre ; ce qui le rendoit capables de ménager toutes les af-