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Les aventures

L’histoire qu’il leur fit de sa délivrance, & de la manière dont je l’avois pourvu, pour le transporter commodément, leur parut un songe : leur étonnement étoit semblable, à ce qu’ils m’ont dit ensuite, à celui des fils de Jacob, quand Joseph se fit connoître à eux, & leur raconta son élévation dans la cour du roi d’Egypte. Mais lorsqu’il leur montra les provisions qu’il leur apportoit pour le voyage, les armes, la poudre & le plomb, ils furent tirés de leur surprise ; ils se formèrent une idée juste de leur sort, & firent tous les préparatifs nécessaires pour passer dans mon île.

Leur premier soin fut d’avoir des canots, & étant obligés de passer les bornes de la probité, en trompant leurs amis les sauvages, ils leur empruntèrent deux grandes barques, sous prétexte d’aller se divertir en mer, ou d’aller à la pêche.

C’est dans ces canots qu’ils s’embarquèrent le lendemain. Il ne leur falloit pas beaucoup de tems pour emballer leurs richesses, n’ayant ni bagage, ni habits, ni vivres, ni rien en un mot que ce qu’ils avoient sur le corps, & quelques racines dont ils étoient accoutumés de se servir au lieu de pain.

Mes deux envoyés ne furent absens en tout que pendant trois semaines, & dans cet intervalle je trouvai l’occasion de me tirer de l’île,