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Les aventures

teindre : mais comme le jeune-homme en avoit une reconnoissance, je fis signer un billet au commandant, par lequel il s’engageoit d’aller, dès qu’il seroit arrivé à Bristol, chez un certain M. Roger, parent du jeune homme, & marchand de cette ville, & de lui donner une lettre de ma part, avec tout ce qui avoit appartenu à la défunte veuve. Mais il est apparent que toutes ces précautions ont été inutiles ; car je n’ai jamais appris que ce vaisseau fut arrivé à Bristol. Il est très-probable, qu’étant si fort endommagé, & faisant eau de plusieurs côtés, il ait coulé à fond à la première tempête.

Nous étions d’abord à la latitude de dix-neuf degrés trente-deux minutes, & nous avions eu jusqu’alors un voyage assez heureux par rapport au tems, excepté qu’au commencement nous avions eu des vents contraires. Mon dessein n’est pas de fatiguer le public du récit de quelques incidens peu considérables, comme changement de vents, ouragans, beau-tems & pluies, &c. Pour m’accommoder à l’impatiente curiosité du lecteur, je dirai que je découvris mon île le 10 Avril 1695. Ce ne fut pas sans de fort grandes difficultés que je la trouvai ; j’y étois entré autrefois, & j’en étois sorti du côté du sud-est vers le Brésil : mais faisant notre route alors entre l’île & le continent,