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toute la nuit, afin de faire croire aux Tartares que nous y étions encore ; & aussi-tôt que nous vîmes paroître les étoiles que le Sibérien avoit marquées pour notre départ, nos bêtes de charge étant déjà en état de marcher, nous suivîmes notre guide qui ne consultoit que l’étoile polaire pour nous mener par ce pays, dont une grande partie ne consistoit qu’en plaines.

Après avoir marché vigoureusement pendant deux heures, nous vîmes que l’obscurité commençoit à disparoître, & qu’il faisoit plus clair qu’il n’étoit nécessaire pour notre dessein : la lune se levoit, ce qui nous auroit été fort désavantageux, si les Tartares s’étoient apperçus dé notre retraite. Heureusement ils en furent les dupes, & nous arrivâmes le matin à six heures, après avoir fait quarante milles de chemin, & estropié plusieurs de nos bêtes, à un village appelé Kermanzinsky, où nous nous reposâmes, sans entendre dire la moindre chose de nos ennemeis, pendant tout le jour.

Environ deux heures avant la nuit, nous nous remîmes en marche & nous restâmes en chemin jusqu’au lendemain huit heures du matin. Il nous fallut passer une petite rivière appelée Kirza, pour arriver à un grand bourg bien peuplé,