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côté du nord vers Petrou, & de tromper indubitablement les Tartares, qui nous tenoient comme assiégés. Il ajouta que, malheureusement, son seigneur lui avoit protesté qu’il vouloit se battre, & non pas se retirer.

Je lui répondis qu’il avoit mal pris les expressions de son maître, qui étoit trop sage pour vouloir se battre simplement pour avoir le plaisir de se battre, & qui quoiqu’il eût déjà donné de grandes marques de son intrépidité, ne voudroit pas résister avec dix sept ou dix huit hommes, à cinq ou six cens Tartares, sans y être contraint par une nécessité inévitable. Si vous savez réellement, ajoutai-je, un sur moyen de nous tirer d’ici sains & saufs, c’est l’unique parti qu’il y a à prendre. Il me répliqua que, si son seigneur vouloit le lui ordonner, il consentoit à perdre la tête s’il n’exécutoit pas le projet dont il s’agissoit.

Il ne fut pas difficile de porter le jeune prince à une résolution si sensée ; il donna à son domestique les ordres nécessaires, & dans le moment même, nous préparâmes tout pour faire réussir cette entreprise salutaire.

Dès qu’il commença à faire obscur, nous allumâmes du feu dans notre petit camp, en prenant nos mesures pour le faire durer pendant