Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 2.djvu/488

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le même : moment nous concertâmes tout pour notre voyage, & nous en réglâmes les préparatifs.

J’avois troqué dans cette ville une partie de mes marchandises des Indes contre une bonne quantité de sables, d’hermines, de renards noirs, & d’autres fourrures de prix. Ce que j’avois donné en échange, consistoit sur-tout en noix muscades, & en cloux de girofle, & dans la suite je me défis de ce qui m’en restoit à Archangel, où j’en tirai un meilleur parti que je n’aurois pu faire à Londres. Ce commerce plut fort à mon associé qui étoit plus avide de gain que moi, & dont le négoce étoit plus le fait y qu’il n’étoit le mien. Il se félicitoit fort du parti que nous avions pris de rester si long-tems dans la Sibérie, à cause des profits considérables que nous y avions faits.

C’étoit au commencement de Juin que je partis de cette ville si éloignée des routes ordinaires du commerce, qu’elle ne doit pas faire grand bruit dans le monde. Notre caravane étoit extrêmement petite puisqu’elle ne consistoit qu’en trente chameau, en tout. Tout cela passoit sous mon nom, quoiqu’il y en eût onze dont le jeune prince étoit propriétaire.

Ayant un si gros équipage, je devois avoir naturellement un bon nombre de domestique ; par