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me rendisse malheureux ; vous avez trop de bon sens pour ne vous pas réjouir de la victoire que j’ai remportée sur moi-même.

« J’espère, monseigneur lui répartis-je, que vous êtes pleinement convaincu qu’en rejetant le parti que je vous propose, vous ne désobéissez pas à la voie du ciel ». Monsieur me dit-il si cette proposition m’avoit été faite ; par une direction particulière de la Providence, une direction toute pareille m’auroit forcé à l’accepter, & par conséquent, j’ai lieu, de croire que c’est par soumission à la voix du ciel que je réfute un parti si avantageux en apparence. Vous allez vous séparer de moi & si vous ne me laissez-pas entièrement libre, du moins vous me laisserez homme de bien & armé contre mes désirs, d’une sage précaution & d’une timidité prudente.

Je ne pouvois que tomber d’accord de la sagesse de sa résolution, en lui protestant néanmoins que mon but avoit été uniquement de lui rendre service. Il m’embrassa là-dessus avec une action tendre & passionnée, & m’assura qu’il étoit convaincu de la pureté de mes intentions, & qu’il seroit charmé de m’en pouvoir témoigner sa reconnoisance. Pour me faire voir que ses protestations étoient sincères, il m’offrit un magnifique présent de sables, & d’autres ferrures de