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de Robinson Crusoé.

Quelque tems après nous les vîmes faire un mouvement du côté droit, & nous nous attendîmes à être attaqués par derrière, quand un Cosaque de Jaravena, qui étoit dans le service moscovite, & qui étoit un fin drôle, s’approchant du commandant de la caravane, lui dit que s’il vouloit il se faisoit fort d’envoyer toute cette canaille vers Siheilka ; c’étoit une ville éloignée de nous de plus de cinq journées, du côté du sud. Voyant que le commandant ne demandoit pas mieux, il prend son arc & ses flèches & se met à cheval. S’étant séparé de nous, du côté de notre arrière-garde, il prend un grand détour, & joignant les Tartares en qualité d’exprès, qui leur venoit donner des lumières sur ce qu’ils cherchoient à découvrir, il leur dit que ceux qui avoient détruit Cham-Chi-Thangu, s’en étoient allés du côté de Siheilka, avec une caravane de mécréans, dans la résolution de brûler encore Schal-Isar, le dieu des Tartares Tonguois.

Comme ce garçon étoit une espèce de Tartare lui-même, & qu’il parloit parfaitement bien leur langage, il ménagea si bien son histoire, qu’ils y ajoutèrent foi, sans la moindre difficulté. Dans le moment même, ils s’en allèrent à toute bride, & trois heures après nous n’en vîmes plus un seul, nous n’en entendîmes plus parler