Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 2.djvu/451

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
445
de Robinson Crusoé.

tage cette fumée épaisse & puante ; en un mot nous les plaçâmes auprès de leurs camarades, devant leur divinité, & tout aussi-tôt nous mîmes la main à l’œuvre ; nous commençâmes par répandre sur l’idole, & sur ses magnifiques vêtemens, une bonne quantité de poix-résine, & de suif mêlé de soufre ; ensuite nous lui remplîmes la gueule, les yeux & les oreilles de poudre à canon ; nous lui mîmes des fusées dans son bonnte, & nous la couvrîmes toute, pour ainsi dire, de feux d’artifice. Pour faciliter encore davantage notre dessein, mon valet se souvint d’avoir vu auprès de la tente un grand tas de foin & de paille ; il s’en fut de ce côté-là avec le marchand Écossois, & ils en apportèrent autant qu’il leur fut possible. Tout étant préparé de cette manière, nous déliâmes nos prisonniers, leur ôtâmes les bâillons de la bouche, les plaçâmes vis-à-vis de leur dieu monstrueux, & ensuite nous y mîmes le feu.

Un quart-d’heure se passa à-peu-près avant que le feu prit à la poudre que nous lui avions mise dans la bouche, dans les yeux & dans les oreilles ; en s’allumant elle fendit presque toute la statue, la défigura tellement, que ce n’étoit plus qu’une masse informe. Peu contens encore de tout ce succès, nous l’entourâmes de notre paille, &