Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 2.djvu/43

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
39
de Robinson Crusoé.

à l’excès de leurs transports ; c’étoient des François, peuple plus vif, plus passionné, & plus propre que tout autre à aller aux extrémités contraires, à cause du feu qui excite leurs esprits animaux. Je ne suis pas assez philosophe pour raisonner là-dessus à fond : mais je puis dire que je n’avois jamais vu une pareille expression de joie. Rien n’en approche davantage, que les extravagances où se laisser emporter mon fidèle Vendredi en trouvant son père[1] lié dans le canot ; j’avoue encore, qu’il y avoit quelque chose de semblable dans la surprise du capitaine anglois & de ses deux compagnons que je délivrai[2] autrefois des mains des traîtres qui vouloient les abandonner dans mon île ; mais dans le fond, tout cela n’est pas comparable à ce que je remarquai dans cette occasion-ci.

Il faut observer encore, que toutes ces extravagances n’éclatoient pas séparément dans ces François, de la manière que je l’ai dépeint. Elles se succédoient rapidement avec toute cette variété dans chaque individu ; celui qui dans un moment paroissoit étourdi & stupide comme un homme frappé de la foudre, se mettoit l’instant d’après à danser, à sauter, & à crier comme un fous ; tan-

  1. Deuxième partie.
  2. Ibid.