Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 2.djvu/429

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
423
de Robinson Crusoé.

ridicule pour ceux qui entendent un peu le métier.

Nous étions encore à deux journées de cette place, comme j’ai dit, quand nous fûmes joints par des couriers qui étoient envoyés de tous côtés sur les routes, pour avertir tous les voyageurs & toutes les caravanes de s’arrêter, jusqu’à ce qu’on leur eût envoyé des escortes, parce qu’un corps de Tartares de dix mille hommes s’étoit fait voir à trente milles de l’autre côté de la ville.

C’étoit une fort mauvaise nouvelle pour nous ; il faut avouer pourtant que le gouverneur qui nous la fit donner, agissoit noblement, & que nous lui avions de très-grandes obligations, d’autant plus qu’il tint parfaitement bien sa promesse. Deux jours après nous reçûmes de lui trois cens soldats de la ville de Naum, & deux cens d’une autre garnison chinoise, ce qui nous fit pousser hardiment notre voyage. Les trois cens soldats de Naum faisoient notre front, & les deux cens autres l’arrière-garde : pour nous, nous nous mîmes sur les aîles, & tout le bagage de la caravane marchoit dans le centre. Dans cet ordre, prêts à nous battre comme il faut, nous crûmes être en état de partager le péril avec les dix mille Tartares ; mais quand nous les vîmes paroître le lendemain, les affaires changèrent de face d’une étrange manière.