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de Robinson Crusoé.

arrêta son cheval tout court, dès qu’il me vit tirer mon épée ; mais, en même tems, un second m’attaquant du côté gauche, me porta un coup sur la tête, dont je ne sentis rien du toit, sinon lorsqu’étant revenu à moi, & me trouvant à terre tout étendu, je me trouvai extrêmement étourdi, sans en comprendre la cause. Dès que mon brave Portugais me vit tomber, il tira de sa poche un pistoler dont il s’étoit muni à tout hasard, sans que j’en susse rien, non plus que les Tartares, qui nous auroient laissés en repos s’ils avoient pu le soupçonner. Il s’avança hardiment sur ces marauts, & saisissant le bras de celui qui m’avoit porté le coup, il le fit pancher de son côté & lui fit sauter la cervelle. Dans le même moment tirant un cimeterre qu’il avoit toujours à son côté, il joignit l’autre qui s’étoit arrêté d’abord devant moi, & lui porta un coup de toutes ses forces : il manqua l’homme, mais il blessa la cheval à la tête, & la pauvre bête devenue furieuse par la douleur, emporta à travers champs son maître qui ne pouvoit plus le gouverner, mais qui étoit trop bon cavalier pour ne s’y pas tenir. À la fin pourtant le cheval s’étant cabré, le fit tomber, & se renversa sur lui.

Sur ces entrefaites, le Chinois à qui on avoit arraché le chameau, & qui n’avoir point d’armes, courut de ce côté-là, & voyant que le Tartare