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Les aventures

comment il savoit ce qu’il venoit de rapporter, s’il en étoit bien sûr. Très-sûr, me répondit-il ; j’ai rencontré dans la rue, ce matin, une de mes vieilles connoissances ; c’est un Arménien qui est venu d’Astracan, dans le dessein de s’en aller à Tunquin où je l’ai vu autrefois ; mais ayant changé de sentiment, il veut aller avec cette caravane jusqu’à Moscou, & de-là il a envie de descendre le Volga pour retourner à Astracan. « J’en suis charmé, lui dis-je ; mais je vous prie de ne vous point affliger d’une chose que je regarde comme un grand bonheur pour moi. Si vous vous en retournez tout seul à Macao, ce sera votre propre faute ».

Là-dessus je consultai mon associé sur l’ouverture qu’il venoit de nous donner, & je lui demandai si ce parti l’accommoderoit. Il me dit qu’il feroit tout ce que je trouverois bon ; qu’il avoit si bien établi ses affaires à Bengale, & laissé ses effets en si bonnes mains, que, s’il pouvoit mettre ce qu’il venoit de gagner dans ce second voyage, en soies de la Chine, crues & travaillées, il se feroit un plaisir d’aller en Angleterre, d’où il pourroit retourner aisement à Bengale avec les vaisseaux de la compagnie.

Étant demeurés d’accord là-dessus, nous résolûmes de prendre le vieux pilote avec nous, s’il vouloit, & de le défrayer jusqu’à Moscou, ou