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de Robinson Crusoé.

bon françois, & même il savoit assez d’anglois pour se faire entendre.

Ce bon vieillard nous fut d’une grande utilité, & il nous donna mille marques de son affection. À peine avions-nous passé une semaine à Pékin, qu’il nous vint parler en riant de tout son cœur. Ah ! seigneur Anglois, me dit-il, j’ai la meilleure nouvelle du monde à vous donner. Je lui répondis que dans ce pays-là, je ne m’attendois pas à des nouvelles fort bonnes ni fort mauvaises. Je vous assure, reprit-il, qu’elle est fort bonne pour vous, quoiqu’elle soit bien mauvaise pour moi. Vous m’avez défrayé dans un voyage de vingt-cinq journées, & vous me laisserez retourner tout seul, sans vaisseau, sans cheval & sans argent ?

Pour abréger, il nous dit qu’il y avoit dans la ville une grande caravane de marchands Moscovites & Polonois ; qu’ils se préparoient à retourner chez eux par la grande Russie ; qu’ils avoient résolu de partir dans cinq ou six semaines de-là, & qu’il ne doutoit point que nous ne nous servissions d’une occasion si favorable.

J’avoue que cette nouvelle me fit un sensible plaisir. Une joie inexprimable se répandit dans mon ame, & m’empêcha, pendant quelques momens, de répondre un mot au bon vieillard : Enfin étant revenu de cette extase, je lui demandai