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Les aventures

importunités du Père Simon. Son compagnon étoit arrivé de Macao, le tems de son départ étoit fixé, & par conséquent il falloit prendre ma résolution. Je m’en rapportai entièrement à mon associé, qui à la fin se détermina ; & nous préparâmes tout pour le voyage. Nous trouvâmes une heureuse occasion de faire ce chemin d’une manière sûre & commode, en obtenant d’un mandarin la permission de voyager en sa compagnie, & comme ses domestiques. Ces mandarins sont comme une espèce de vicerois ou gouverneurs de provinces, qui font une grosse figure, & qui sont extrêmement respectés par les peuples, auxquels, en récompense, ils sont fort à charge, puisqu’ils sont défrayés par le chemin avec toute leur suite, & tout leur équipage.

Les vivres & le fourrage ne nous manquèrent pas dans le voyage, parce que les Chinois étoient obligés de nous les fournir gratis ; ce qui étoit fort commode pour nous, quoique nous n’y profitassions de rien. Nous étions forcés à les payer au prix courant, & l’intendant ou maître d’hôtel du mandarin venoit nous en demander le paiement avec beaucoup d’exactitude. Ainsi la permission que le seigneur nous avoit donnée de voyager à sa suite étoit très-commode pour nous, sans qu’elle dût passer pour une grande faveur. Il y gagnoit beaucoup au contraire ; car