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de Robinson Crusoé.

Là-dessus je lui déclarai naturellement, que le vaisseau où il se trouvoit, étoit justement celui qu’ils avoient attaqué avec cinq chaloupes, d’une manière aussi lâche que mal conduite. Je lui contai en détail comment nous avions acheté notre navire de certains Hollandois, & comment nous avions appris dans la suite que c’étoient des coquins qui s’étoient enfuis avec le vaisseau, après que leur capitaine avoit été assassiné par les Indiens de Sumatra ; mais je l’assurai que, de dire que cet équipage s’étoit mis à pirater, c’étoit débiter une fable inventée à plaisir ; que nos ennemis auroient sagement fait de creuser cette affaire, avant que de nous attaquer ; & qu’ils répondroient devant Dieu du sang qu’ils nous avoient forcés de répandre.

Le bon vieillard fut extrêmement surpris de ce récit, & nous dit que nous avions raison de ne pas vouloir aller du côté du nord. Il nous conseilla de vendre notre navire dans la Chine, & d’en acheter ou d’un bâtir un autre. Vous n’en trouverez pas un si bon que le vôtre, ajouta-t-il ; mais il vous sera aisé d’en avoir un capable de vous ramener à Bengale avec vos gens & avec vos marchandises.

Je lui dis que je profiterois de son conseil de tout mon cœur, dès que je pourrois trouver un bâtiment à ma fantaisie, & un marchand pour