Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 2.djvu/354

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
348
Les aventures

en faisont voir où nous avons été quand le navire en question y étoit entré, de qui nous l’avions, & de quelle manière ; & si l’affaire avoit été débattue devant les juges, nous étions sûrs de n’être pas pendus sur la champ, & de recevoir ensuite notre sentence.

Je fus d’abord de l’opinion de mon associé, mais je la rejetai, après y avoir songé plus mûrement ; puisque nous nous trouvions de l’autre côté du détroit de Malacca, nous ne pouvions retourner à Bengale, sans courir les plus grands dangers. Le bruit de notre crime prétendu & de la mauvaise réception que nous avions faite à nos aggresseurs, devoit avoir donné l’alarme par tout ; & nous devions être guetés en chemin par tous les vaisseaux anglois & hollandois. D’ailleurs, notre retour auroit eu tout l’air d’une fuite, & il n’en falloit pas davantage pour nous condamner sur l’étiquette du sac. Je communiquai ces réflexions à l’Anglois qui nous avoit découvert la conspiration contre nous, & il ne les trouva que trop solides.

Là-dessus nous résolûmes d’aller chercher la côte de Tunquin, & de-là celle de la Chine, en poursuivant notre dessein de négocier, de vendre quelque part notre vaisseau, & de nous en retourner avec quelques bâtimens du pays. Ces mesures nous parurent les meilleures pour