Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 2.djvu/353

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
347
de Robinson Crusoé.

nière miraculeuse, en abordant à la nage la chaloupe d’un vaisseau hollandois qui revenoit de la Chine, & qui s’étoit mis à l’ancre sur cette côte pour faire aiguade.

Quand il eut été quelque tems à Batavia, il y arriva deux hommes de ce vaisseau qui avoient abandonné leurs compagnons pendant le voyage : ils avoient rapporté que le canonnier qui s’en étoit enfui avec le navire, l’avoit vendu à Bengale à une troupe de pirates qui, s’étant mis à croiser, avoient déjà pris un bâtiment anglois & deux hollandois très-richement chargés.

Cette dernière partie du discours nous embarrassa fort, quoique nous en connussions toute la fausseté ; nous vîmes évidemment que, si nous étions tombés entre les mains de ceux qui venoient de nous donner la chasse si chaudement, c’auroit été fait de nous. En vain aurions-nous défendu notre innocence contre des gens si terriblement prévenus, qui auroient été nos accusateurs & en même tems nos juges ; & dont nous n’aurions dû attendre que tout ce que la rage peut inspirer & faire exécuter à des hommes qui ne sont pas maîtres de leurs passions.

Cette considération fit croire à mon associé, que le meilleur part pour nous étoit celui de retourner à Bengale, sans toucher à aucun port. Nous pouvions nous justifier là sans peine,