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de Robinson Crusoé.

canonnier, qui entendoit son métier à merveille, lui tira encore deux coups de canon ; ils manquèrent l’un & l’autre, ce qui porta ceux de la chaloupe à pousser un grand cri en tournant leurs bonnets à l’entour de la tête. Le canonnier s’étant préparé de nouveau, en moins de rien fit feu sur eux avec plus de succès, & quoiqu’il manquât le corps de la chaloupe, un des coups donna au beau milieu des matelots, & fit un effet terrible. Trois autres coups que nous leur tirâmes immédiatement après, mirent presque tout en pièces, & leur emportèrent le gouvernail avec une pièce de l’arrière, ce qui les mit dans un grand désordre. Pour les achever, notre canonnier fit encore feu sur eux de deux autres pièces qui les accommodèrent si bien, que nous vîmes la chaloupe sur le point d’aller à fond, & plusieurs matelots déjà dans l’eau.

Là-dessus je fis d’abord armer la pinasse que nous avions tenue, jusques-là, tout près du vaisseau, & je donnai ordre à nos gens d’empêcher nos ennemis de se noyer, d’en prendre autant qu’ils pourroient, & de revenir avec eux à bord dans le moment ; car nous voyions déjà les autres chaloupes avancer sur nous avec toute la vîtesse possible.

Nos gens suivirent ponctuellement mes ordres. Ils en prirent trois, parmi lesquels il y en