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de Robinson Crusoé.

notre dessein ; sur quoi ils se mirent tous dans un petit peloton derrière un retranchement. Dans ces entrefaites j’ordonnai à mes gens de se tenir tous ensemble, & de n’attaquer personne, mais de tâcher de saisir quelqu’un des Anglois, pour apprendre de quel diable ils étoient possédés, & quelle étoit leur intention. Je leur dis encore, que s’ils rencontroient leurs camarades engagés, ils tâchassent de les faire retirer, en les assurant que s’ils restoient là jusqu’au jour, ils se verroient environnés de cent mille Indiens. Là-dessus je les quittai, & suivi seulement de deux hommes, je me mis parmi les pauvres fuyards que nous avions sauvés. C’étoit la chose du monde la plus triste à voir ; quelques-uns avoient les pieds tout grillés à force de courir par le feu. Une des femmes étant tombée en passant par les flammes avoit le corps à moitié rôti, & deux ou trois hommes avoient plusieurs coups de sabre sur le dos & sur les cuisses ; un quatrième, percé de part en part d’un coup de fusil, rendit l’ame à mes yeux.

J’aurois fort souhaité d’apprendre les motifs de cet abominable massacre ; mais il me fut impossible d’entendre un mot de ce qu’ils me disoient ; tout ce que je pus comprendre par leurs signes, c’étoit qu’ils étoient aussi ignorans là-