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de Robinson Crusoé.

gens de bien, & que l’enfer doit être le partage des méchans, elles nous demanderoient quel seroit notre tort, de nous qui croyons toutes ces choses, & qui sommes de si grands vauriens. Eh ! Monsieur, en voilà plus qu’il n’en faut pour les dégoûter de notre religion, aussi-tôt qu’elles en entendroit parler. Il faut avoir de la religion, si l’on veut instruire là-dessus les autres. « Atkins, lui repondis-je « je crains bien que tout ce que vous venez de dire ne soit que trop vrai ; mais cela n’empêche pas que vous ne puissiez donner quelques idées de religion à votre femme ; vous pouvez lui dire, qu’il y a un Dieu & une religion meilleure que la sienne ; qu’il y a une Être souverain, qui a fait tout & qui peut détruire tout ; qu’il récompense les bons, qu’il punit les méchans, & qu’il nous jugera selon notre conduite. Quelque ignorant que vous soyez, la nature elle-même doit vous avoir enseigné ces vérités, & je suis sûr que vous en êtes pleinement convaincu.

Vous avez raison, dit Atkins ; mais de quel front dirai-je tout cela à ma femme ? Elle me dira d’abord qu’il n’y a pas un mot de vérité en tout cela.

« Pas un mot de vérité ! lui répliquai-je brusquement » ; que prétendez-vous dire par-là ? Oui, monsieur, répliqua-t-il, elle me