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Les aventures

leur en parler que quand l’affaire seroit en état d’être conclue.

Avant que je pusse encore m’éloigner de leur plantation, ils vinrent me trouver tous en corps, & me dirent qu’ils avoient mûrement considéré ma proposition ; qu’ils étoient ravis que j’eusse un homme d’église avec moi, & qu’ils étoient prêts, dès que je le trouverai bon, à me donner la satisfaction de se marier formellement : car ils étoient fort éloignés d’avoir la moindre envie de quitter leurs femmes, & ils n’avoient eu que des intentions droites, en les choisissant. Là-dessus je leur ordonnai de me venir trouver tous le lendemain, & d’instruire leurs femmes, en attendant, de la nature d’un mariage légitime, qui devoit les assurer de leurs maris, & leur ôter la crainte d’en être abandonnées, quelque chose qui pût arriver.

Il ne fut pas difficile de faire comprendre cette affaire aux femmes, & de la leur faire goûter. Ils ne manquèrent pas de venir le lendemain à mon appartement ; & je trouvai à propos alors de produire mon homme d’église. Il n’avoit ni l’habit d’un ministre Anglican, ni celui d’un prêtre françois. Il étoit habillé d’une soutane noire, liées d’une espèce d’écharpe, ce qui lui donnoit assez l’air d’un ministre habillé à la légère.