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de Robinson Crusoé.

heur l’avoit fait résoudre à ne point aller aux Madères, mais à charger du sel dans l’île de Mai, & à s’en aller de-là vers Terre-Neuve.

Dans cette conjoncture mon religieux n’avoit pu que suivre la destinée du vaisseau, & le voyage avoit été heureux jusqu’aux bancs, où l’on prend le poisson. Rencontrant là un vaisseau françois, destiné pour Québec, dans la rivière du Canada, & de-là pour la Martinique, pour y apporter des vivres, il avoit cru trouver l’occasion d’exécuter son premier dessein. Mais après être arrivé à Québec, le maître du vaisseau étoit mort, & le vaisseau n’étoit pas allé plus loin. Se voyant traversé de cette manière, il s’étoit mis dans le vaisseau destiné pour la Rance, qui avoit été consumé en pleine mer, & nous l’avions reçu à bord d’un vaisseau destiné pour les Indes orientales. C’est ainsi qu’il avoit échoué tout ce suite en cinq voyages, qui étoient, pour ainsi dire, les parties d’une seule course, sans parler de ce qui lui arriva dans la suite.

Pour ne pas faire de trop longues digressions sur les aventures d’autrui, qui n’ont point de relation avec les miennes, je reviens à ce qui se passa dans mon île, par le moyen de mon religieux. Comme il étoit logé avec nous pendant tout le tems que je fus dans l’île, il me vint voir un matin