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de Robinson Crusoé.

le passé, & qu’ils le croyoient aussi digne d’être fourni d’armes & de tout ce qui lui étoit nécessaire que tout autre ; qu’ils avoient déjà fait voir jusqu’à quel point ils étoient satisfaits de lui, en lui confiant le commandement sous leur gouverneur ; qu’ils avoient parfaitement, lui & ses compagnons, mérité leur confiance par tout ce qui peut porter les hommes à se fier les uns aux autres ; enfin, qu’ils embrassoient avec plaisir l’occasion de m’assurer qu’ils n’auroient jamais d’autre intérêt que celui de toute la colonie.

Sur ces déclarations qui paroissoient pleines de franchise & d’amitié, je les priai tous à dîner pour le lendemain ; & véritablement je leur donnai un repas magnifique. Pour le faire préparer, je fis venir à terre le cuisinier du vaisseau & son compagnon, & je leur donna pour aide le second cuisinier qui étoit dans l’île. On apporta du vaisseau six pièces de bœufs, & quatre de porc, une grande jatte de porcelaine pour y faire du punch, avec les ingrédiens nécessaires ; dix bouteilles de vin rouge de Bordeaux, & dix bouteilles de bière d’Angleterre. Tout cela fut d’autant plus agréable à mes convives, qu’ils n’avoient tâté de rien de pareil depuis bien des années.

Les Espagnols ajoutèrent à nos mets cinq chevreaux entiers, que les cuisiniers firent rôtir, & dont on envoya trois bien couverts dans le