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de Robinson Crusoé.

nombreux qu’auparavant. Ainsi, il n’y avoit rien à craindre de ce côté-là. Un point plus important que je traitai avec l’Espagnol, que j’appele gouverneur, c’étoit leur demeure dans l’île. Mon intention n’étoit pas d’en emmener un seul avec moi : aussi n’étoit-il pas juste de faire cette grace à quelques-uns, & de laisser là les autres, qui auroient été au désespoir d’y rester, si j’eusse diminué leur nombre.

Je leur dis donc à tous que j’étois venu pour les établir dans l’île, & non pour les en faire sortir ; que dans ce dessein, j’avois fait des dépenses considérables, afin de les pourvoir de tout ce qui étoit nécessaire pour leur subsistance, & pour leur sûreté : que de plus, je leur amenois des personnes non-seulement propres à augmenter avantageusement leur nombre, mais encore à leur rendre de grands services, étant artisans, & capables de faire pour la colonie mille choses nécessaires qui lui avoient manqué jusqu’à présent.

Avant de leur livrer tout ce que j’avois apporté pour eux, je leur demandai à chacun, l’un après l’autre, s’ils avoient absolument banni de leur cœur leurs anciennes animosités, & s’ils vouloient bien se toucher dans la main les uns aux autres, pour se promettre une amitié étroite,