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Les aventures

entiers. Il ne laissoit pas d’arriver fort souvent, qu’environnés par une grande multitude d’ennemis, ils ne se sauvoient d’une grêle de flèches que par une espèce de miracle. Mais enfin, ils avoient su se garantir de ce danger, en se couvrant tout le corps de larges boucliers de bois couverts de peaux de certains animaux sauvages dont ils ne savoient pas le nom. Un jour cependant le malheur avoit voulu que cinq d’entr’eux fussent jetés à terre par les massues des sauvages, ce qui avoit donné occasion à l’ennemi d’en faire un prisonnier ; c’étoit précisément l’Espagnol que j’avois eu la satisfaction d’arracher à la cruauté de ses vainqueurs. Ses compagnons l’avoient cru mort dans le commencement ; mais en apprenant qu’il avoit été pris, ils auroient hasardé volontiers leur vie tous, tant qu’ils étoient, pour le délivrer.

Dans le tems que ces Espagnols avoient été terrassés, les autres les avoient renfermés au milieu d’eux sans les abandonner, jusqu’à ce qu’ils fussent revenus à eux-mêmes. Alors, faisant tous ensemble un petit bataillon, ils s’étoient fait jour au travers de plus de mille sauvages renversant tout ce qui s’opposoit à eux, & procurant à leurs amis une victoire entière, mais peu satisfaisante pour eux-mêmes par la perte de leur compagnon.