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de Robinson Crusoé.

tration évidente de la sagesse & de la bonté de la providence qui dirige les événemens. Car si, animés par la misère & par la disette qui les accabloient, ils avoient cherché un pays plus abondant, cette précaution même les auroit détournés de la route de se délivrer par mon moyen.

Les sauvages, à ce qu’ils me racontèrent encore, avoient voulu, pour prix de leur hospitalité, les conduire avec eux à la guerre. Il est vrai qu’ils avoient des armes à feu, & s’ils n’avoient pas eu le malheur de perdre leurs munitions, non-seulement ils auroient été en état de rendre des services considérables à leurs hôtes, mais encore de se faire respecter par leurs amis & par leurs ennemis. Mais n’ayant ni poudre ni plomb, obligés pourtant de suivre leurs bienfaiteurs dans les combats, ils y étoient plus exposés que les sauvages eux-mêmes. Ils n’avoint ni arcs, ni flèches, & ils ne savoient pas faire usage de ces sortes d’armes que leur amis auroient pu leur fournir. Ainsi, ils étoient forcés à rester dans l’inaction, en butte aux dards des ennemis, jusqu’à ce que les deux armées se serrassent de près. Alors, effectivement ils étoient d’un grand service. Avec trois hallebardes qu’ils avoient, & avec leurs mousquets, dans le canon desquels ils mettoient des morceaux de bois pointus au lieu de bayonnettes, ils rompoient quelquefois des bataillons