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Les aventures

de nos gens, quelques-uns d’entr’eux sortirent du bois, & s’approchant, ils se mirent à genoux, en criant : Oa, Oa, Waramoka, & en prononçant quelques autres paroles, dont les nôtres ne purent rien entendre ; mais comme ils étoient dans une posture suppliante, les cris qu’ils poussoient étoient destinés, sans doute, à prier que l’on épargnât leurs canots, & qu’on leur permît de s’en retourner.

Mais nos gens étoient alors absolument persuadés que l’unique moyen de conserver la colonie étoit d’empêcher qu’aucun des sauvages ne retournât chez lui ; persuadés que s’il en échappoit une seul, pour aller raconter la triste aventure de ses camarades, c’étoit fait d’eux. Ainsi, faisant signe aux barbares qu’il n’y avoit point de quartier pour eux, ils poussèrent leur pointe, en détruisant toutes les barques que les tempêtes avoient épargnées. À la vue de ce spectacle, les sauvages qui étoient dans le bois firent des hurlemens épouvantables, que les nôtres entendirent distinctement & ensuite ils se mirent à courir dans l’île comme des hommes qui avoient perdu l’esprit. Ce qui troubla beaucoup nos gens, indéterminés sur ce qu’ils devoient faire pour se délivrer de ces misérables.

Les Espagnols même, malgré toute leur prudence, ne considéroient pas qu’en portant ces